Le Sceletium, appelé kanna, channa ou kougoed, est une plante originaire d’une petite province d’Afrique du Sud. Connue par l’occident depuis le XVIIe siècle, elle est utilisée par les tribus natives probablement depuis la préhistoire.
Mâchée, fumée ou ingérée en décoction, cette plante est connue par les populations locales pour améliorer l’humeur et produire un sentiment de bien-être, mais pas seulement. Au cours de sa longue histoire, le Kanna a également été utilisé pour traiter bien d’autres maux comme l’alcoolisme, l’insomnie ou encore pour améliorer la sociabilité et la mémoire.
Mais qu’en est-il de ses effets réels, est-ce seulement un effet placébo ou cette plante a-t-elle de réels effets ? Des chercheurs ont tentés de répondre à ces questions et voici leurs conclusions.
Ces études se scindent en deux groupes, les études pré-cliniques, prenant pour sujets des animaux, et les études cliniques, réalisées sur l’homme. Commençons par les premières.
Les études pré-cliniques
Parmi les nombreuses études réalisées avec la participation d’animaux, nous pouvons en citer trois, intéressantes tant par leur conclusion, que par la diversité des espèces participantes et la forme du sceletium administré.
La première a été réalisée au Japon en 2008. Durant celle-ci, un extrait en poudre de la plante a été utilisé sur les chiens et des chats qui arrivaient dans une clinique vétérinaire. Cette étude a démontré « aucun effet indésirable et des effets positifs sur l'humeur et le comportement »1.
Dans le même ordre d’idées, une autre étude réalisée par des chercheurs de l’Université du Mississippi en 2016 a essayé de mesurer l’impact de la plante sur les états anxieux et dépressifs chez le poussin. Une fraction de la plante riche en Alcaloïdes a été donnée à ces poussins. L’étude conclut à « un effet anxiolytique pendant la phase d'anxiété, indiquant un bénéfice pour certains troubles liés au stress. » 2.
Enfin dans une troisième étude, menée par une équipe germano-sud-africaine réalisée en 2015, a porté sur l’impact d’une dose unique de Zembrin™ (un extrait de Sceletium) sur l’activité électromagnétique du cerveau de rats en liberté. Les mesures résultant des essais ont montré une activité antidépressive comparable à celle du Rolipram (note :un antidépresseur mis au point dans les années 90). Ce qui indique que le Zembrin™ pourrait être utilisé dans le traitement de déficience cognitives légère, d’état de stress et de dépression3.
Les études cliniques
Plus intéressantes encore, les études cliniques ont été réalisées comparativement à des placebos, sur des volontaires sains. Les test ont étés réalisés à partir du Zembrin™. Un extrait de Scelecium contenant principalement de la mesembrine, du mesembrenone et du mesembrenol, les alcaloïdes présents en plus grande concentration dans la plante.
Une première étude a été réalisée en 2013 par une équipe de chercheurs sud-africains, hollandais et canadiens, a expérimenté l’effet Zembrin™ sur les réponses à des exercices émotionnels d’un groupe d’étudiants universitaires mixte. Il a été conclu que la dose unique de 25 mg administrée avait un effet anxiolytique atténuant la réponse biologique face à une menace, donc l’effet du stress4.
Une autre étude réalisée sur 21 adultes autour de 55 ans a été menée en 2014 par une équipe de chercheurs sud-africain, américain et canadien. Celle-ci s’est proposé d’analyser les effets neurocognitifs d’une dose unique de 25mg de Zembrin. Cette étude a conclu à une légère amélioration de la fonction exécutive neurocognitive ainsi que de la flexibilité cognitive. Soit une amélioration des facultés sociales et de régulation émotionnelle ainsi qu’une meilleure capacité à adapter sa conduite et sa pensée face à une situation nouvelle ou changeante. Et les participants ont également noté une amélioration de l’humeur, du bien-être et du sommeil5.
Une troisième étude publiée en 2016 menée par un groupe germano-sud-africain, s’est portée sur l’analyse de l’activité électrique cérébrale lors de défis cognitifs et émotionnels d’un groupe paritaire d’adulte âgé de 40 à 75 ans. Après plusieurs tests, l’étude a conclu que deux doses Zembrin avaient eu pour effet un changement de fréquence cérébrale. Le résultat était une amélioration de l’attention et de la mémoire. À première vue, l’effet de ces dose pourrait être comparé aux résultats observés d’une pratique régulière de la méditation6.
Enfin, une dernière étude datant de 2017, mise en place par les mêmes scientifiques que la précédente a été réalisée sur un autre groupe à peu près équivalent à leur première étude. Durant cette étude, les sujets du test ont participé à des exercices portant sur les facultés de calcul, de mémoire et du temps de réaction. À la suite de ces tests, ils ont rempli des questionnaires sur leurs niveaux de stress et d’anxiété et sur la qualité de leur sommeil durant tout le long de l’étude. Après six semaines, les résultats tendent à prouver « améliore les aspects de la fonction cognitive et diminue l'anxiété chez les personnes âgées en bonne santé » 7.
Une étude plus récente de 2020 a démontré qu'un extrait de Sceletium tortuosum peut efficacement réduire les signes de stress et d'anxiété. Chez de jeunes adultes sains, une seule dose de Zembrin® a réduit les sensations d'anxiété et les réactions physiques au stress, comme l'augmentation de la fréquence cardiaque, lors d'un exercice de prise de parole en public. Ces résultats suggèrent que le Zembrin® pourrait être un moyen naturel et prometteur pour gérer l'anxiété et le stress quotidien, offrant une option de soulagement sans recourir à des médicaments traditionnels8.
Des potentiels effets bénéfiques sur l’anxiété et le stress et plus encore
En conclusion de ce vaste panel d’études sur les effets de la mesembrine, du mesembrenone et du mesembrenol présents dans le Sceletium Tortuosum, il se pourrait que cette plante puisse aider certaines personnes dans plusieurs domaines comme :
- le sommeil,
- les facultés cognitives
- les facultés sociales
- les effets du stress
- l’anxiété.
Bien d’autres études sont encore à attendre pour être réellement sûr de ces résultat et pour en savoir plus sur les mécanismes précis qui permettent de tels résultats. Ce qui est sûr en revanche c’est que le Sceletium pourrait bien être un allié de poids pour les personnes souffrant d’anxiété chronique ou sociale, d’état dépressif, d’insomnie, de tdah.
Notes :
- https://www.researchgate.net/publication/288043830_Clinical_application_of_South_African_tea_on_dementia_dog
- https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0378874116305438?via%3Dihub
- https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0378874115302373?via%3Dihub
- Étant entendu que le stress est une réponse physiologique face à un danger, ou une situation perçue comme telle) https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8762184/#r43
- https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25389443/
- https://www.scirp.org/journal/paperinformation?paperid=70480
- https://askthescientists.com/fr/brain-meditation/
- https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/hup.2753
- https://www.scirp.org/journal/paperinformation?paperid=74030